Initialement, le gouvernement avait prévu un déficit à 4,4 % du produit intérieur brut pour 2024. Mais il sera, selon nos informations, supérieur à 5 % du PIB.... Dans le nouveau programme de stabilité annuel, document que le gouvernement va envoyer à Bruxelles, et qu'il va présenter en Conseil des ministres le 17 avril prochain, sera inscrit probablement 5,1 ou 5,2 % du PIB.
Et c'est une très mauvaise nouvelle pour l'exécutif, qui se retrouve à quelques semaines d'intervalle à devoir se justifier sur un tel dérapage. Et pour cause, de nouveau, il revoit de nouveau sa copie. En mars dernier, le gouvernement a dévoilé un déficit pour 2023 bien supérieur à ses estimations : 5,5% contre 4,9% initialement anticipé. En cause, de moins bonnes recettes fiscales engrangées l'an dernier. Soit 15 milliards d'euros de différence.
Des dizaines de milliards d'euros supplémentaires à trouver
Après avoir déjà annoncé un plan d'économies de 10 milliards d'euros, le gouvernement se retrouve donc à devoir serrer encore la vis. Certes, il table sur les rentrées de la croissance, mais le pari est pour le moins audacieux. Car si la croissance française est restée positive, elle est bien plus faible qu'espérée. Et là aussi, le gouvernement a dû revoir ses prétentions à la baisse : 1% contre 1,4 % prévu.
Aussi, promet-il de couper dans les dépenses. Il a déjà commencé à le faire mais la pilule promet d'être dure à avaler. Il ne cache pas son intention de durcir les conditions d'indemnisation des demandeurs d'emploi avec une nouvelle réforme de l'assurance chômage, y compris pour les seniors. En ligne de mire également : des économies sur les collectivités, mais aussi du côté des dépenses sociales, où il faut s'attendre, par exemple, à des déremboursements des soins de santé, à la mise en place de jours de carence ..etc.
Autant de mesures impopulaires qui risquent d'affaiblir la majorité présidentielle à quelques semaines des élections européennes. D'où le flou sur le calendrier et les modalités afin de ne pas effrayer ses électeurs.
La majorité sous pression
Reste que la façon de renouer avec la trajectoire financière divise la macronie. Comment faire sans augmenter les impôts des plus aisés ? Faut-il revoir le modèle social français comme le suggère le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ? Tous ne sont pas d'accord et les tensions sont de plus en plus palpables entre Bercy et l'Elysée. Une première en 7 ans : jusqu'alors les positions entre Emmanuel Macron et son ministre de l'Économie, numéro deux du gouvernement, ayant toujours été plutôt alignées.
Sans compter que sur cette question budgétaire, les oppositions se déchaînent. Elles ne manquent pas de faire un procès en insincérité et en incompétence au gouvernement. Les LR n'hésitent pas à menacer de dégainer des motions de censure. Eric Ciotti accuse, ainsi, la macronie d'un plan caché pour augmenter les impôts des Français. Le RN pointe aussi la mauvaise gestion, quand LFI s'insurge contre le fait que l'effort à faire incombe surtout aux plus fragiles, et épargne les plus aisés.
De toute part, politiquement gouvernement se retrouve sur la défensive.
Pression des agences de notation
Dernier point de fébrilité, enfin, pour l'exécutif, l'attente du verdict des agences de notation Fitch, Moody's et Standard & Poor's. Toutes doivent se prononcer ces prochaines semaines sur la note financière de la France. Ces nouvelles prévisions de déficit revues à la hausse ne vont pas dans le bon sens, elles risquent encore d'entamer la crédibilité de l'Hexagone quant à sa capacité à tenir ses comptes et à réduire sa dette. De quoi affaiblir la France face à ses partenaires européens.